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« Malheur à toi, pays, dont le roi est un enfant »
par Charles Gave
Je me pose énormément de questions sur la personnalité de monsieur Macron.
Dans cette perspective, je vais décrire à nouveau le système politico
administratif qui existe dans notre pays et qui a permis son accession
au pouvoir.
Pour cela, je reprends les premiers paragraphes d’un article que j’avais écrit sous le même titre en 2020 (en italiques).
Puis je passerai à ce que je crois avoir compris du personnage.
La Bible est remplie de phrases mystérieuses comme celle que j’ai
choisie comme titre pour cet article et il est d’usage de dire que ce
genre de phrases peut avoir trois sens :
- Littéral. Historiquement, les villes dont le roi était un enfant n’ont pas connu des sorts très enviables.
- De bon sens : Quand la légitimité est incarnée par un enfant
dont les « grands » autour de lui n’ont pas physiquement peur, la
tentation est grande de s’en débarrasser, ce qui amène assez facilement à
des guerres civiles.
- Caché : Et c’est là que les exégètes et les rabbins s’en donnent
à cœur-joie pour faire dire des choses au texte parfois… tout à fait
surprenantes.
Bien entendu, c’est à une explication du troisième type que je vais avoir recours dans ce papier, et la voici.
Qu’est que l’enfance après tout si ce n’est la période où l’on
apprend, quelque peu contraint, les règles de la vie en société, et
pendant ces années, il n’est pas recommandé au « jeune » de mettre cette
discipline en question.
Ancien élève des Jésuites ou des lycées de la République, je peux
assurer le lecteur qu’il ne valait mieux pas discuter avec les
professeurs de cette époque du bien-fondé des règles qu’ils nous
imposaient avec beaucoup de conviction. Les choses auraient
changé, paraît-il…
Mais je vais plus loin : l’enfant, pour se construire doit
vivre dans un monde stable où règne la Loi, communément assimilée au
père. D’innombrables études montrent que le facteur déterminant dans
l’échec scolaire et la criminalité chez les adolescents provient de
l’absence de la figure paternelle. Dans le fond, suivre l’exemple
paternel quand l’on est enfant revient à s’assurer une jeunesse
heureuse.
Et puis arrive l’âge adulte où l’on doit appliquer ce que l’on a appris dans la vraie vie.
Et c’est à ce moment-là que l’on se rend compte qu’il y a des moments où il faut parfois désobéir aux règles et briser les tabous.
Et ce jour-là, on cesse d’être un enfant et l’on devient un
adulte, au mieux, capable de devenir un prince ou un roi puisque l’on
devient capable de se gouverner soi-même et donc de gouverner les autres
ou, au pire, l’on finit pendu.
Je prends ici l’exemple de mon père, jeune officier français en
Syrie en 1941. Vichy était en train de livrer la Syrie aux Allemands et
l’armée anglaise dût envahir et occuper la Syrie pour ne pas mettre en
danger le canal de Suez. Vichy donna l’ordre aux 500 officiers français
présents de rentrer en France, de Gaulle leur donna l’ordre de rester.
Douze restèrent sous le commandement de mon père, qui ce jour-là sortit
de l’obéissance enfantine pour devenir un adulte. Mon père fut condamné à
mort par contumace par un tribunal militaire aux ordres de Vichy.
Addition au texte : En fait, comme le disait Max Weber, il faut
commencer par l’imitation, continuer par l’éducation pour pouvoir, si
nécessaire, passer à la transgression. Notre président actuel pense que
la Vérité est dans la transgression, alors qu’elle ne peut être qu’un
dernier recours. Il a au fond de lui-même le mépris du père, qu’il n’a
jamais respecté et qu’il n’a jamais été.
Allons un peu plus loin.
Dans toute Nation, il y a d’abord le Peuple en qui, de nos jours, réside la Souveraineté.
Pour que la Nation soit défendue il lui faut un État, à qui sont
confiés les privilèges régaliens (Défense, Justice, Police, Diplomatie)
et cet état est constitué de deux parties :
- Une administration, dont on s’attend à ce qu’elle suive des règles bien établies pour gérer au jour le jour les choses prévisibles et répétitives.
- Un pouvoir politique (l’exécutif, dans notre jargon actuel, le Roi, au sens ancien du terme) qui lui sera chargé de gérer l’imprévisible et l’inattendu.