Pour continuer sans rien changer
En janvier, tout à votre aise,
Un mois durant, faudra faire avec :
S'entendre répéter des fadaises
Avant que de se bicher le bec !
•
Surtout n'omettez pas la santé,
Avec une dose de componction :
La clef de voûte de la simagrée
Entre deux brassées de postillons !
•
Quant à l'archaïque prospérité,
Ce vœu pieu des temps d'abondance,
Prenez bien garde de l'oublier ;
Nul ne vous en ferait créance !
•
Tourner la page du calendrier
Redistribue les bonnes cartes.
Pas besoin d'être héritier,
Pour que la vie soit de la tarte.
•
C'est du moins ce qu'on laisse croire
Lors de toutes ces cérémonies.
Quand trinquer efface les déboires,
Les griefs et les acrimonies.
•
Ne gâchons par ce curieux plaisir :
Prendre des vessies pour des lanternes
Permet de satisfaire les désirs
De ces pantins qui nous gouvernent.
•
Épargnez à ceux que vous aimez
La litanie des vaines promesses.
Contentez-vous de leur proclamer
Votre indéfectible tendresse !
•
Car les vœux ne sont plus ce qu'on veut,
Ni même ce qu'on pourrait espérer.
La prospective se fait des nœuds.
Il n'y a plus moyen de rêver ...
•
Souhaitez-vous bien du courage,
En ce merveilleux temps qui court.
Faudra supporter le naufrage,
Ainsi que tous les périls en cours.
•
Faute de cette lucidité
Jouez donc les hypocrites ;
Ce rituel de la vacuité
N'est qu'une comédie qui s'effrite ...
•••
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